Ma biographie
Roukiata est arrivée en France avec le nouveau millénaire, en janvier 2000. Elle se rêvait en styliste et avait déjà commencé à dessiner en autodidacte des modèles qu’elle faisait confectionner par des tailleurs à Ouagaoudogou. Bien que passée sans transition du four au réfrigérateur, ce ne sont pas les températures hivernales de Paris qui congelèrent ce rêve mais une conseillère d’orientation qui lui expliqua qu’elle était plutôt faite pour un métier « dans le social ».
De bonne volonté, Roukiata passa donc son brevet d’aptitude aux fonctions de l’animateur (BAFA) et exerça ces fonctions dans un centre social avec des enfants en difficulté. Elle enchaîna ensuite les petits boulots : caissière dans une supérette (une semaine), femme de ménage dans un hôtel (une seule journée). En un mot, elle tira le diable par la queue ! Mais n’ayant pas renoncé pour autant à ses rêves de mode, elle défila pour des stylistes et posa comme modèle dans une école de maquillage. Séduite par le milieu du maquillage, elle s’inscrivit dans cette école l’année suivante pour en ressortir bientôt maquilleuse professionnelle diplômée. Ce n’était pas du stylisme mais c’était déjà pas mal. Après avoir fait son chemin dans une entreprise de cosmétique, elle retourne au Burkina Faso avec l’idée d’y créer sa boite de création textile. Après tout si ça ne pouvait pas se faire en France (selon la conseillère d’orientation), et bien cela se ferait au Burkina Faso. Roukiata prépara son affaire, effectua les démarches et était prête à investir de l’argent, mais, par un de ces mystère dont la vie à le secret, le projet tomba à l’eau. Et la revoilà de nouveau à Paris, sans projet mais pleine de rêves.
Peu à l’aise avec la parole en public, elle décida pour se « dérouiller un peu », de suivre un stage de théâtre. Sans connaissances ni ambitions particulières dans ce domaine, elle tomba par hasard sur le cours Florent sans rien savoir de la célèbre école. C’est là qu’elle découvrit la lecture – elle n’avait jamais été poussée vers les livres au Burkina – et les grands auteurs du répertoire. Elle n’apprit qu’ensuite que sa formation était en réalité une audition pour intégrer le cour Florent. Sur décision des enseignants elle fut admise directement en seconde année. Elle travaillait comme maquilleuse le week-end pour payer les cours la semaine. Au terme de sa formation elle créa son premier seule en scène Yennenga l’épopée des mossé 2008 au théâtre de la Comédie de la Passerelle à Paris. Le spectacle ne lui permit d’abord pas de vivre de son art. Elle travailla dur pendant deux ans pour mettre de l’argent de côté et parti en 2010 à Ouagadougou pour y présenter Yennenga l’épopée des mossé, accompagnée sur scène de quatre danseuses, quatre danseurs et deux musiciens. Le spectacle connu un réel succès au Burkina. En 2012 une heureuse rencontre avec la compagnie d’art de rue Carabosse lui offrit l’opportunité de travailler sur le grand spectacle Article 13 qui traite des problématiques migratoires. Elle put ainsi devenir intermittente du spectacle et poursuivre une carrière qui s’ouvrait désormais devant elle. Exit le maquillage !
En fin 2012, Roukiata créa avec Stéphane Eliard son second spectacle Ouagadougou Pressé qui connut lui aussi un beau succès au Burkina et dans les différents pays africains ou il fut joué, via le réseau des instituts français. Il tourna également beaucoup en France, dans différents théâtres parisiens et dans de multiples festivals en province. Progressivement le nom de Roukiata Ouedraogo pris de l’ampleur et elle put plus facilement accéder aux médias. En 2015, Roukiata Ouedraogo et Stéphane Eliard créèrent Roukiata tombe le masque à Paris, spectacle qui connut également une belle tournée africaines et de nombreuses dates à Paris et en province. A Paris, il fut notamment joué en 2017 au Point-Virgule où il fut vu par le producteur Pascal Guillaume (productions Ki M’aime Me Suive). Pascal Guillaume, qui avait déjà entendu les chroniques de Roukiata dans l’émission Si tu écoutes j’annule tout,devenue ensuite Par Jupiter,lui proposa de la produire. Il organisa une rencontre avec Ali Bougheraba avec lequel Roukiata Ouedraogo et Stéphane Eliard retravaillèrent l’écriture du spectacle de fond en comble au point de choisir d’en modifier le titre désormais devenu : Je demande la route. C’est donc sous ce titre, et produite par Ki m’aime me suive, que la dernière création de Roukiata Ouedraogo et Stéphane Eliard, avec la collaboration artistique d’Ali Bougheraba, sera présentée du 11 janvier au 2 juin 2018 à Paris, au théâtre du Lucernaire. Ce spectacle sera également joué pendant les trois semaines du festival d’Avignon 2018, au théâtre du Train Bleu.
Au-delà de sa passion pour le théâtre Roukiata est sensible au monde qui l’entoure. Elle est notamment engagée auprès de différentes associations intervenant dans son pays le Burkina Faso dans les secteurs de l’éducation et de la santé.